Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/315

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et quelque gêne en regardant l’habit du paysan. — Montre-moi pourquoi il te faut les étais que tu as demandés à l’assemblée.

— Les étais ? Mais on sait pourquoi il faut des étais, votre Excellence. Je voudrais soutenir un peu, au moins, veuillez voir vous-même. Voilà, dernièrement ce coin est tombé. Encore Dieu a voulu qu’il n’y eût pas de bétail à ce moment. Tout cela tient à peine — prononça Tchouris, en regardant avec mépris ce hangar découvert, penché et lamentable. — Maintenant, il n’y a qu’à toucher le chevron, et il n’en restera point de bois à utiliser. Et où peut-on trouver du bois à présent ? Vous le savez vous-même.

— Alors, à quoi te serviront cinq étais, quand un hangar est déjà tombé et que les autres tomberont bientôt ? Tu n’as pas besoin d’étais, mais de poutres, de chevrons, il faut tout refaire à neuf — dit le maître, pour montrer évidemment qu’il s’entendait aux affaires.

Tchourisenok se tut.

— Alors, il te faut du bois et non des étais ; il fallait donc le dire.

— Sans doute, il en faut, mais où le prendre ? On ne peut pas toujours aller dans la cour des seigneurs ! Si l’on fait la faveur à notre frère d’aller chercher tout chez Votre Excellence, dans la cour des seigneurs, alors quels bons paysans serons-nous ? Mais, si c’est un effet de votre bonté, — fit-il en