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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/361

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Cela fait, elle rajusta le mouchoir sale à carreaux qui couvrait sa tête et salua bas le seigneur :

— Je félicite Votre Excellence avec le dimanche — dit-elle — que Dieu te sauve, notre père…

En voyant sa mère, Davidka devint confus, courba son dos encore davantage et baissa la tête.

— Merci, Arina — répondit Nekhludov — Voilà, tout à l’heure je viens de causer avec ton fils de votre ménage.

Arina, ou comme on l’appelait dans le pays, quand elle était encore fille, Arichka-Bourlak, le menton appuyé dans la main droite, tandis que la main gauche soutenait le bras droit, sans écouter le maître jusqu’au bout, se mit à parler si bruyamment que toute l’izba était pleine de sa voix, et que du dehors on eût pu croire que plusieurs femmes parlaient à la fois.

— Quoi, mon père, causer avec lui ! Il ne peut parler comme un homme. Voyez, il se tient comme un idiot — continua-t-elle en montrant, de la tête, avec mépris, la figure misérable et massive de Davidka. — Quel est mon ménage, petit père Votre Excellence ? Nous sommes nus, dans tout le village il n’y a pire que nous ; nous ne sommes bons ni pour nous, ni pour la corvée, c’est une honte ! Et tout cela à cause de lui. On l’a mis au monde, on l’a nourri, on l’a élevé, nous n’avions qu’un espoir : attendre qu’il fût grand. Et voilà, nous avons attendu et nous sommes servis. Il avale le pain et ne travaille