Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/130

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encore à interroger la tradition sacrée, qui s’est conservée dans l’Église depuis sa fondation. C’est un travail indispensable, parce que tous ces passages de l’Écriture ont été de tout temps et sont encore aujourd’hui l’objet de différentes interprétations et de controverses qui ne peuvent être définitivement résolues, pour le fidèle du moins, que par la tradition apostolique et l’ancienne Église. Il est indispensable aussi, cet examen, pour défendre l’Église même contre une injuste accusation des incrédules, qui prétendent que cette doctrine des trois hypostases en Dieu ne fut enseignée qu’à dater du quatrième siècle ou du premier concile œcuménique, et que, avant cette époque, elle était ou tout à fait inconnue, ou tout autrement enseignée. Il nous suffira donc de suivre le fil de la tradition jusqu’au quatrième siècle ou jusqu’au premier concile œcuménique, et de montrer si, dans les trois premiers siècles, l’Église chrétienne enseigna le dogme de la Sainte-Trinité, et de quelle manière elle le fit (pp. 235, 236).

Ainsi donc, non seulement la théologie nous a appris qu’il n’y a aucune preuve de la trinité dans l’Écriture, sauf la polémique de l’auteur de la théologie, elle nous a appris en outre qu’on ne peut pas affirmer que l’Église ait toujours suivi la tradition, que la seule base de cette affirmation est l’art polémique de l’auteur de la théologie. J’ai lu toutes les preuves du § 28, tendant à établir que l’Église professa toujours la trinité. Mais ces preuves ne m’ont pas convaincu, non que j’aie lu les preuves du contraire, plus exactes et plus convaincantes, mais parce que le sentiment se révolte en moi, parce que je ne puis croire que Dieu ait pu