Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/131

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se révéler à moi par cette expression insensée et grossière : « Je suis un et trois ; je suis le Père, le Fils et le Saint-Esprit », et ne me donner ni dans son Écriture, ni dans sa tradition, ni en mon âme, le moyen de comprendre ce que cela signifie. Je ne puis croire que Dieu, pour résoudre la question le concernant, concernant mon salut, ne m’ait laissé que la croyance aux arguments de la théologie. J’étais sur le point d’en finir avec le dogme quand, pour couronner le tout, je suis tombé sur le paragraphe 29 : Rapport du dogme de la Sainte-Trinité avec la saine raison.

Nous nous permettrons aussi de dire quelques mots sur son rapport avec la saine raison, dans le but, d’un côté, de réfuter les fausses idées à ce sujet, et, de l’autre, de signaler et de préciser pour nous la seule vraie…

En effet, suivant le christianisme, Dieu est tout à la fois triple et unique, non point dans un seul et même rapport, mais dans des rapports différents : il est unique par l’essence, et triple en personnes ; et autre est l’idée qu’il nous donne de la nature de l’essence divine, autre celle qu’il nous donne des personnes divines ; de façon que ces idées ne s’excluent point l’une l’autre. Où y a-t-il donc ici contradiction ? (p. 251.)

Le christianisme nous donne une conception de l’essence et une conception des personnes de Dieu. Mais c’est précisément ce que j’ai cherché, précisément « cette autre » conception des personnes et de l’essence ; elle n’est nulle part. Et non seulement elle n’existe pas, mais elle ne peut