Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/160

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Écriture. Mais qu’est-ce donc que mon âme et quel est son lien avec le corps ? Où sont les limites de l’âme et du corps ? Ces questions découlent de la définition des propriétés de l’âme ; et elles ne reçoivent point de réponse. C’est ce qui rend cette doctrine si révoltante, qu’elle force de poser des questions auxquelles il n’y a pas, auxquelles il ne peut y avoir de réponses. De même que la définition des propriétés de Dieu ravalait et détruisait en moi l’idée de Dieu, de même la définition des propriétés de l’âme, de son origine, ravale et détruit en moi l’idée de l’âme.

Je connais Dieu et l’âme comme je connais l’infini, par tout autre voie que des définitions, qui détruisent en moi cette connaissance. De même que je sais indiscutablement que le nombre est infini, je sais indiscutablement que Dieu est et que mon âme existe. Mais cette connaissance n’est indiscutable que pour moi, parce que j’y suis amené fatalement. Je suis amené par l’addition à la connaissance indiscutable du nombre infini. À la connaissance indiscutable de Dieu, je suis amené par la question : d’où viens-je ? et à celle de l’âme par la question : qui suis-je ? Je reconnais l’infini du nombre, Dieu, mon âme, puisque j’ai été amené à leur connaissance par la voie de ces questions extrêmement simples. À 2 j’ajoute 1, puis 1, puis 1 ; ou je brise un bâton en deux morceaux, et chacun de ceux-ci en deux, etc. ; et