Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chrétienne. À propos de l’explication de ce dogme, on songe involontairement que, plus le dogme est vilain et insensé, — comme celui de la rédemption, de la grâce — plus l’Église lui accorde d’importance, et plus il est discuté.

Les discussions sont-elles nombreuses parce que le dogme est vilain, ou est-il insensé parce qu’il est né de la discussion et de la colère ? Je crois que c’est l’un et l’autre. Le dogme insensé, par son essence entraîne la discussion, et la discussion déforme encore plus le dogme. Il est à remarquer que, plus l’Église attache d’importance à un dogme, plus il entraîne de discussions, de supplices ; et moins il a de sens et de possibilité d’une application morale quelconque. Les dogmes de l’origine de l’âme, de la nature du Christ, du mystère de la communion, plus ils étaient éloignés d’une application morale quelconque, plus ils bouleversaient l’Église.

§ 138. Mode de l’union hypostatique des deux natures en Christ.

Comment les deux natures en Jésus-Christ, la nature divine et la nature humaine, se sont-elles unies en une seule hypostase, nonobstant toute la différence qui existe entre elles ? Comment Christ étant Dieu parfait et homme parfait, n’est-il néanmoins qu’une seule personne ? « C’est, » selon la parole de Dieu, « quelque chose de grand que ce mystère de piété ». (i. Tim., iii, 16), et par conséquent d’incompréhensible par notre raison.

Mais, autant que ce mystère est accessible à notre foi,