Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/394

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pas la plus simple, et la plus claire, — ce but simple que poursuivent maintenant si infructueusement les sociétés de paix. Il paraît avoir peur d’attribuer aux paroles de Jésus une signification simple, compréhensible et profonde.

Voici ce que dit l’Église[1] :

Aimez vos ennemis : L’ennemi est celui qui fait le mal d’une façon ou de l’autre. Il y a deux sortes d’amour envers les hommes ; l’un c’est l’attrait pour l’homme dont nous approuvons la vie et les actes, qui nous plaît ; l’autre c’est la bienveillance et le désir du bien pour ceux dont nous n’approuvons pas la vie et les actes, et aux mauvaises actions desquels nous nous opposons, qu’elles soient préjudiciables à nous ou à autrui. Ce dernier sentiment, c’est l’amour que nous devons montrer pour nos ennemis. Il est impossible d’aimer les actes d’un homme qui nous offense, nous fait du tort, insulte aux lois divines et humaines ; nous ne pouvons, faisant abstraction de ces actes, que lui souhaiter le bien, ne lui pas rendre le mal pour le mal, l’assister dans ses misères et ses afflictions, le secourir, lui désirer le bien éternel. Cet amour pour les ennemis témoigne de la grande perfection de ceux qui possèdent cette vertu.

Bénissez ceux qui vous maudissent, etc. C’est le développement particulier de la pensée générale sur l’amour des ennemis ; c’est l’indication de la manière dont peut s’exprimer cet amour, pour ceux qui montrent leur hostilité de n’importe quelle façon. Bénir signifie, non seulement ne pas dire de mal des ennemis, mais en dire du bien, ne pas diminuer leurs bonnes qualités mais les exalter, les mettre en évi-

  1. Les Interprétations des évangiles, par l’archevêque Mikhaïl, p. 93.