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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/396

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arrivé jusqu’à nous est si clair, qu’un doute sur sa signification paraît impossible.

« Il vous est dit : Aime ton compatriote, russe, et méprise un Juif, un Allemand, un Français. Et moi je vous dis : Aime les gens des autres peuples, même s’ils t’attaquent, et fais-leur du bien. Dieu est le même pour les Allemands et les Russes, et il les aime tous, et vous, soyez aussi ses fils, également bons pour tous comme lui-même. »

Que peut-il être de plus logique, de plus simple, de plus clair ? Il suffit de se rappeler pourquoi ces paroles étaient prononcées, par qui, et alors, il devient encore plus évident qu’elles ne peuvent avoir un autre sens.

Pourquoi ces paroles étaient-elles prononcées ?

Jésus enseigne aux hommes le vrai bonheur, comment donc pourrait-il passer sous silence un phénomène qui jadis comme maintenant apparaît comme le plus grand mal — les hostilités des peuples et les guerres ? Sommes-nous seuls intelligents, et lui n’a-t-il pas remarqué ce mal, cette source inépuisable du mal, ne parla-t-il que de la communion avec le pain et le vin, et ne dit-il rien des associations de meurtriers — des guerres ? Et c’est ce Jésus qui a dit, que ce n’est pas pour les Juifs seuls qu’il prêche le bonheur ; c’est lui qui ne reconnaît ni mère, ni frère, ni famille, ni religion ancienne et qui parle à des vagabonds comme lui-même ?