Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/416

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remet sous les yeux le fait que l’épreuve envoyée par Dieu peut devenir une véritable tentation, une occasion de chute, à cause de notre faiblesse sur laquelle agit le démon du mal. Si l’on préfère mettre le mal, au neutre, le sens revient au même, seulement la puissance du mal n’est plus personnifiée. En aucun cas il ne saurait être question de mettre : préserve-nous du malheur.

Nous avons supprimé la doxologie que l’Église grecque, dans sa liturgie, a ajoutée à l’Oraison dominicale, et qui, par cette raison même a fini par pénétrer dans les manuscrits de l’Évangile. L’Église latine ne la connaît pas, elle manque donc aussi dans la Vulgate et dans toutes les bibles catholiques. Elle parait dater du ive siècle. Il importe peu de préciser le sens de pareilles formules. Elles servent à la glorification de Dieu et emploient généralement des locutions bibliques ; ici on pourrait à la rigueur y voir une espèce de confirmation de l’Oraison : Dieu veut et peut accorder ce qu’on lui demande, et nous l’en remercions d’avance. Observons en passant que c’est à la présence ou à l’absence de cette formule qu’on peut reconnaître le plus facilement si une traduction du Nouveau Testament est d’origine catholique ou protestante.

3o Les versets 14 et 15 ne font pas partie intégrante de l’Oraison dominicale, comme il est aisé de le voir. Peut-être est-ce un fragment d’une explication que Jésus en aurait donnée, car ils se rapportent directement à la cinquième prière. Il sera plus sûr de dire que c’est une pensée très fréquemment reproduite dans l’enseignement de Jésus, voy. Marc, xi, 25 ; Matth., xviii, 35. L’empressement de se réconcilier avec le prochain est la condition du pardon de la part de Dieu. Sans elle la confiance dans sa grâce céleste serait illusoire.