Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/149

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trouver et à disposer les moyens de manière à atteindre le but et à éviter ainsi les chances contraires. Cette qualité, est-il dit, les enfants du siècle la possèdent généralement à un plus haut degré que les enfants de la lumière. Le terme d’enfants (fils), d’après un trope hébreu bien connu et souvent employé dans le Nouveau-Testament (Luc, x, 6 ; Marc, iii, 17 ; Eph., ii, 2), sert à circonscrire l’adjectif de qualité ; les enfants du siècle, du monde, sont donc des mondains, ceux qui se préoccupent avant tout ou exclusivement des intérêts matériels ; les enfants de la lumière (Jean, xii, 36 ; i Thess., v, 5 ; Eph., v, 8) sont ceux qui, éclairés par l’esprit de Dieu, dirigent leurs regards et leur activité vers le ciel et les biens qu’il nous réserve. Or l’expérience prouve que les premiers ont plus de savoir faire que les seconds, nous voulons dire qu’ils montrent une plus grande intelligence des conditions de la réussite dans ce qu’ils proposent.

Dans l’application spéciale à l’argent, cela veut donc dire que les premiers savent très bien s’en servir pour arriver à leurs fins, qu’ils savent faire leurs affaires, tandis que les seconds ne font pas aussi bien les leurs, et ne tirent pas des moyens dont ils disposent tous les avantages qu’il serait possible de réaliser dans leur intérêt tel qu’ils le conçoivent. La phrase accessoire : dans leurs rapports avec leurs semblables, applicable dans la pensée de l’orateur aux enfants du siècle seuls, et non pas également aux enfants de la lumière, découle directement de la parabole, l’économe ayant su faire ses affaires avec des gens qui le voulaient, et qui étaient de sa trempe, qui savaient trouver leur avantage à lui faire trouver le sien.

Il est donc entendu que si Jésus, à son tour, prenant la parole après le maître de la parabole (v. 9 : Et moi je vous dis), présente l’économe comme une espèce de modèle, il n’est pas question d’un jugement moral à porter sur cet homme, tout aussi peu qu’il sera question d’approuver moralement la conduite du juge qui