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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/213

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être terrible pour l’homme qui s’est donné à la volonté du Père, parce que la vie de l’esprit ne dépend pas de la mort de la chair. Jésus dit que celui qui croit en la vie de l’esprit ne peut avoir peur de rien. Aucun souci ne peut empêcher l’homme de vivre de l’esprit.

Aux paroles de l’homme : qu’il remplira la doctrine de Jésus après, mais qu’auparavant il lui faut ensevelir son père, Jésus répond : Seuls les morts doivent se soucier des morts, les vivants ne vivent qu’en accomplissant la volonté du Père. Les soucis des affaires de famille et domestiques ne peuvent empêcher la vie de l’esprit. Celui qui se soucie de ce qu’il résultera pour la vie de la chair de l’accomplissement de la volonté du Père, celui-là est semblable au cultivateur qui laboure en regardant non devant lui mais derrière lui. Les soucis concernant les joies de la chair, qui semblent aux hommes si importants, sont un rêve. L’œuvre vraie, unique, de la vie c’est l’annonciation de la volonté du Père, le respect et l’accomplissement de cette volonté.

Aux reproches de Marthe qu’elle seule prend soin du souper, tandis que Marie, au lieu de l’aider, écoute le maître, Jésus répond : Tu lui fais en vain des reproches ; occupe-toi, si tu le juges nécessaire, de ce qui réclame tes soins, mais laisse en paix ceux qui n’ont pas besoin des plaisirs de la chair, laisse-les faire cette chose qui seule est