Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/220

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regarde derrière lui, il ne peut labourer. Il faut oublier tout, sauf le sillon que l’on trace ; alors on peut labourer. Si tu t’inquiètes de ce qu’il te faut pour la vie de ce monde, tu n’as pas compris la vraie vie et tu n’en peux vivre.

Ensuite il arriva que Jésus s’en vint avec ses disciples dans un bourg ; et une femme, nommée Marthe, l’invita chez elle. Marthe avait une sœur, Marie. Celle-ci, s’étant assise aux pieds du Christ, écoutait sa doctrine. Marthe travaillait à la préparation du repas. Elle s’approcha de Jésus et lui dit : Cela ne te fait-il rien que ma sœur me laisse servir seule ; dis-lui de m’aider.

En réponse, Jésus lui dit : Marthe, Marthe, tu te mets en peine de bien des choses, mais une seule chose est nécessaire ; et Marie a choisi cette seule chose qui est nécessaire et personne ne peut la lui ôter. Pour la vie seule la nourriture spirituelle est nécessaire.

Et Jésus dit à tous : Que celui qui veut me suivre renonce à sa volonté et soit prêt à toutes les privations et souffrances de la chair. Alors seulement, il peut me suivre. Car celui qui veut se soucier de la vie charnelle fera périr la vraie vie ; et celui qui, en remplissant la volonté du Père, fera périr la vie de la chair, celui-là sauvera la vraie vie. Et quel avantage y a-t-il pour l’homme d’accaparer tout le monde, s’il perd sa vie ou lui nuit ?

Un homme ayant entendu cela dit : s’il y a la vie