Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doit se réjouir. Et si même je voulais le faire je ne le pourrais pas, car entre vous et nous il y a un immense abîme : nous sommes les vivants, vous êtes les morts.

Alors le riche dit : Eh bien, Abraham, mon père, au moins envoie Lazare le lépreux dans ma maison. J’ai cinq frères, j’ai pitié d’eux, qu’il leur raconte tout et leur montre combien la richesse est nuisible, afin qu’ils ne tombent pas dans les tourments où je suis.

Et Abraham dit : Ils savent que la richesse est nuisible, Moïse et tous les prophètes l’ont dit. Le riche reprit : Ce serait tout de même mieux si un des morts ressuscitait et allait près d’eux ; ils réfléchiraient davantage.

Abraham répondit : S’ils n’ont pas écouté Moïse et les prophètes, ils n’écouteront pas les morts, alors même qu’ils ressusciteraient. Tous savent qu’il faut partager avec son frère et faire le bien aux hommes. Toute la loi de Moïse et tous les prophètes ne disent que cela. Vous le savez mais ne voulez pas le faire parce que vous aimez la richesse.

Un grand personnage s’approchant de Jésus lui dit : Toi, bon maître, dis-moi ce que je dois faire pour recevoir la vie éternelle ?

Jésus dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Seul le Père est bon, et si tu désires avoir la vie exécute ses commandements.

Le grand personnage dit : Il y a beaucoup de