Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/298

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Celui qui vit pour la chair vit contrairement au principe de la vie, contrairement à Dieu. Il est semblable au serviteur qui demeure dans la maison du maître sans se soucier de la volonté du maître. Et il faut vivre comme le fils dans la maison du père, se confondre avec la volonté du père, et alors on vivra toujours avec le Père. Dans la vie en Dieu la mort n’existe pas ; elle fut et sera ; elle était avant le commencement du monde. Celui qui ne vit pas en Dieu ignore Dieu et on ne peut le lui expliquer. Pour comprendre Dieu, il faut vivre en Dieu. C’est pourquoi Jésus ne pouvait pas donner les preuves de la véracité de sa doctrine comme les Juifs l’exigeaient, et pour leur montrer plus clairement encore l’impossibilité de donner des preuves pareilles, il leur raconte la parabole de l’aveugle de naissance. Celui qui comprend par le cœur, celui-ci voit, et celui qui ne comprend pas ne voit pas, tant que les yeux ne lui sont pas ouverts ; et on ne peut pas prouver à un autre la véracité de la doctrine de la vie. Celui qui a compris le sens principal de la vie ne peut plus s’arrêter devant aucune considération ; il sait qu’il était aveugle et que, maintenant, il voit. Il sait qu’auparavant toute sa vie n’était que ténèbres et qu’elle est devenue la lumière. Mais pourquoi, auparavant, ne voyait-il pas la lumière, il l’ignore ; de même il ne peut savoir si celui qui lui a donné la lumière a eu raison ou tort de la lui donner le jour du sabbat. J’étais