Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/324

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sourde hostilité contre lui, ami bien-aimé des sœurs dans l’affliction.

Le Seigneur était révolté jusqu’au fond de son âme par les larmes hypocrites de ses ennemis. En outre, le Seigneur savait que cette hostilité envers lui le conduirait à la mort, et voilà que ses ennemis sont ici, et vont assister au grand miracle qui va s’accomplir. Ce miracle, la manifestation la plus éclatante et la preuve de sa dignité de messie, aurait dû éteindre cette hostilité, mais au lieu de cela, il le savait, ce miracle allait être le motif suprême de son arrêt de mort.

De son plus grand miracle, Satan fait le signal de l’arrêt inéluctable de sa mort. Et voilà, ici, sont présents quelques membres de cette force fatale, et ils versent des larmes hypocrites. Le Seigneur se révolte en esprit ; et cette révolte était si grande qu’elle imprime une commotion physique à son corps, commotion qui, d’après le sens du mot grec, n’était pas complètement involontaire mais impliquait un certain effort du Seigneur lui-même pour retenir cette révolte spirituelle.

Plusieurs ont cru et quelques-uns sont allés chez les Pharisiens. De nouveau la division qu’indique ordinairement Jean s’élève parmi les Juifs, et elle est plus profonde qu’auparavant. Les moins aveuglés, frappés par la majesté du miracle incontestable qui s’est accompli sous leurs yeux, ont cru en Jésus comme le Messie. Mais les plus aveuglés deviennent pour ainsi dire complètement aveugles, et sont en fureur de leur méfiance. Ils vont trouver les pires ennemis du Seigneur, les Pharisiens, et leur disent ce que Jésus a fait. Aussitôt après leur dénonciation on réunit le Sanhédrin, et l’on décide de tuer le Seigneur ; il faut donc supposer que leur dénonciation fut des plus méchantes.

Dans le but de lui nuire ils ont sans doute déclaré aux Pharisiens qu’il a commis quelque chose de défendu, puisqu’il a fait ouvrir un sépulcre.

Cette méfiance haineuse et cet aveuglement en présence du miracle le plus grand et le plus indiscutable,