Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/429

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derniers venus pensèrent recevoir davantage. Mais eux aussi ne reçurent qu’une drachme. Alors ils maugréèrent disant que les autres n’avaient travaillé qu’une partie de la journée, tandis qu’eux avaient travaillé la journée entière. Ils trouvaient cela injuste. Alors le maître s’approcha de l’un d’eux et dit : Pourquoi murmures-tu ? T’ai-je lésé ? Je t’ai loué pour un certain prix et te le paie. N’étions-nous point convenus d’une drachme ? Prends ce qui te revient et va-t-en. Car si je veux payer aux derniers autant qu’à toi, n’en ai-je point le droit ? Ou bien est-ce parce que tu vois que je suis bon que tu deviens envieux ?

Dans le royaume du ciel, il n’y a ni premiers ni derniers. C’est pour tous la même chose. Celui qui exécute la volonté de Dieu et rend la vie de la chair, celui-ci acquiert la vie de l’esprit, et il est dans la volonté de Dieu. Et rien d’autre ne peut approcher l’homme de la volonté de Dieu. Le royaume de Dieu se conquiert avec effort.

Une fois, deux de ses disciples, Jacques et Jean, s’approchèrent de Jésus et lui dirent : Maître, promets-nous de faire ce que nous te demanderons. Il leur dit : Que désirez-vous ? Ils répondirent : Être tel que toi.

Et Jésus leur dit : Vous me demandez ce qui n’est pas en mon pouvoir. Vous pouvez vivre de la même façon que moi, et vous pouvez aussi renaître en esprit comme moi, mais vous faire tels que