Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/439

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chons pas, quand nous ne le demandons même pas.

Et Jésus leur dit : Il y avait un juge méchant qui ne craignait ni Dieu ni les hommes. Une veuve pauvre s’adressait à lui. Il ne voulait pas lui faire justice. Mais la veuve, nuit et jour, accablait le juge de ses suppliques. Et le juge se dit : Que faire, je vais lui rendre justice comme elle le veut, sans quoi elle ne me laisserait pas tranquille.

Comprenez donc que si ce juge injuste a fait cela, comment Dieu ne ferait-il pas ce dont on le prie jour et nuit ? Si Dieu existe il le fera. S’il n’y a pas Dieu, mais au lieu de lui le juge injuste, il y a quand même le fils de l’homme, qui cherche la vérité et auquel il est impossible de ne pas croire. Cherchez le royaume de Dieu et sa vérité, partout, en tout temps, et le reste viendra de soi-même. Ne vous souciez point de l’avenir. Tâchez seulement d’éviter le mal du présent.

Soyez toujours prêts, comme les serviteurs qui attendent leur maître, afin de lui ouvrir dès qu’il arrivera. Les serviteurs ignorent quand le maître reviendra, s’il rentrera tôt ou tard, et ils doivent être toujours prêts. Et ils ont reçu le maître, ils ont exécuté sa volonté, et il en résultera du bien pour eux. La même chose avec la vie. Toujours, à chaque moment, il faut vivre de la vie de l’esprit, sans songer au passé ou à l’avenir, et sans se dire : à cette époque je ferai telle ou telle chose.