Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/440

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Si le maître savait quand viendra le voleur il ne dormirait pas. Ainsi vous aussi ne dormez jamais, parce qu’il n’y a pas de temps pour la vie du fils de l’homme ; il ne vit que dans le présent et ignore quand est le commencement et quand est la fin de sa vie. Notre vie est semblable à celle de l’esclave que le maître a placé à la tête de sa maison. Il est heureux pour cet esclave qu’il exécute toujours la volonté du maître. Mais s’il se dit : le maître ne viendra pas de sitôt, et qu’il néglige la maison de son maître, alors, celui-ci, revenant à l’improviste, le chassera.

Ainsi ne vous tourmentez pas, mais vivez toujours dans le présent par la vie de l’esprit. Pour la vie de l’esprit, le temps n’est pas. Veillez à ne pas vous alourdir, à ne pas vous obscurcir par l’ivrognerie et les soucis, afin de ne pas laisser passer le moment du salut. Le moment du salut est un filet qui est jeté sur tous : il est là toujours. C’est pourquoi vivez toujours de la vie du fils de l’homme.

Mais à quoi est semblable le royaume du ciel ? Dix vierges étaient allées avec leurs lampes à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient sages, cinq étaient folles. Les folles prirent leurs lampes mais n’emportèrent pas assez d’huile. Les sages prirent leurs lampes et assez d’huile. Tandis quelles attendaient l’époux, elles s’endormirent. Quand l’époux fut annoncé, les folles s’aperçurent qu’elles avaient peu d’huile et allèrent en acheter. Pendant