Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/90

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pensée que dans le verset précédent, seulement sous la forme positive, comme espérance.

Et je ressusciterai, etc. Dieu tourne les regards des croyants sur le dernier but où doit tendre cette espérance, sur le don de la vie éternelle par le fait de manger sa chair et boire son sang ; cette espérance de la résurrection après quoi sera la vie éternelle, c’est-à-dire heureuse. Le rapport entre ces paroles : je ressusciterai, etc. et les précédentes est le suivant : Celui qui mange mon corps et boit mon sang a en lui la vie éternelle en raison de laquelle je ne le ferai pas périr, mais le ressusciterai le dernier jour.

Car ma chair, etc. C’est la raison pour l’exhortation négative ainsi qu’affirmative de la nécessité de manger le corps du Fils de l’homme et de boire son sang.

C’est nécessaire parce que précisément cela, et cela seul, est la vraie nourriture et la vraie boisson, cela seul communique à l’homme la vraie vie, c’est-à-dire la vie éternelle. Celui qui mange toute autre nourriture et boit toute autre boisson est sujet à la mort. Le corps et le sang du Seigneur donnent l’immortalité. Par ces paroles Il veut les persuader qu’ils ne doivent pas voir là de simples paraboles, et qu’ils doivent manger son corps.

Voici ce que dit Reuss[1].

Comme il est question de manger la chair et de boire le sang de Christ, il s’est trouvé de tout temps des commentateurs qui y ont vu une allusion directe à la Sainte-Cène.

Les théologiens réformés surtout insistaient sur ce rapprochement parce qu’ils y voyaient la confirmation directe de leur conception du sacrement. Nous ne saurions cependant admettre qu’il puisse y avoir dans notre texte une allusion directe à la Sainte-Cène, parce que celle-ci n’était pas encore instituée et que Jésus

  1. P. 190.