Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/106

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éveil à la volupté, et, une fois uni avec une femme, il ne faut jamais l’abandonner, sous aucun prétexte, car cet abandon produit la débauche. Les femmes abandonnées séduisent d’autres hommes et répandent la débauche dans le monde.

La sagesse de ce commandement me frappa. Il supprime tout le mal qui, dans le monde, est la conséquence des rapports sexuels. Les hommes, sachant que la licence des rapports sexuels aboutit aux querelles, éviteront tout ce qui peut éveiller la volupté, et, sachant que la loi humaine est de vivre par couples, ils s’uniront en couples sans jamais enfreindre cette union, et tout le mal provenant des dissensions à cause de l’attrait sexuel cessera d’exister, parce qu’il n’y aura plus ni hommes ni femmes célibataires privés de rapports sexuels.

Mais les paroles qui me frappaient toujours quand je lisais le Sermon sur la Montagne : sauf pour cause d’infidélité, ces paroles, d’après lesquelles un homme pourrait répudier sa femme en cas d’infidélité de sa part, me frappèrent encore davantage.

Sans parler de ce que je trouvais d’indigne dans la forme même de l’expression de la pensée à côté des vérités si profondes de ce Sermon sur la Montagne, cette étrange exception à la règle, placée comme une remarque dans un code criminel, contredisait l’idée fondamentale.