Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/173

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les trouve dans cet état, heureux ces serviteurs-là. (39) Vous savez que si un père de famille était averti à quelle heure un larron doit venir, il veillerait, et ne laisserait pas percer sa maison. (40) Vous donc aussi soyez prêts ; car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne penserez point.

La parabole des vierges attendant le fiancé, celle de la fin du siècle et du jugement dernier, tous ces passages, de l’avis de tous les commentateurs, concernent la fin du monde, et rappellent toujours à chaque homme la mort qui l’attend.

La mort, la mort, la mort vous attend à chaque seconde. Votre vie se passe toujours en vue de la mort. Si vous travaillez pour vous seul, pour votre avenir personnel, vous savez bien que dans l’avenir il n’y a pour vous qu’une chose : la mort. Et cette mort détruit tout ce pour quoi vous avez travaillé. Par conséquent, la vie pour soi ne peut avoir aucun sens. Si la vie raisonnable existe, elle doit être autre, son but ne peut être dans la vie personnelle, dans l’avenir. Pour vivre raisonnablement, il faut vivre de telle façon que la mort ne puisse anéantir la vie.

Luc, x, 41-42 : « Marthe ! Marthe ! tu te mets en peine et tu t’embarrasses de plusieurs choses, mais une seule chose est nécessaire. » Les innombrables choses que nous faisons pour notre avenir ne sont pas nécessaires pour nous : ce n’est qu’un leurre. Une seule chose est nécessaire.