Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/186

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la Genèse. Dans le Deutéronome, xxxii, 39, 40, Dieu dit : « Regardez maintenant que c’est moi, que c’est moi-même, qu’il n’y a point d’autre Dieu que moi : je fais mourir et je fais vivre, je blesse et je guéris, et il n’y a personne qui puisse se délivrer de ma main ; car je lève ma main vers les cieux et je dis : Je suis vivant éternellement. » Dans l’autre passage, Genèse, iii, 22, Dieu dit : « Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous sachant le bien et le mal. Mais maintenant il faut prendre garde qu’il n’avance sa main, et ne prenne aussi de l’arbre de vie, et qu’il n’en mange et ne vive éternellement. » Ces deux seuls cas dans tout l’Ancien Testament (à l’exception d’un chapitre du livre apocryphe de Daniel) de l’emploi de l’expression vie éternelle, déterminent clairement la conception des Juifs sur la vie de l’homme, en général, et sur la vie éternelle. La vie en elle-même, selon les Hébreux, est éternelle, elle l’est en Dieu ; mais l’homme est toujours mortel, telle est sa nature.

Nulle part, dans l’Ancien Testament, on ne trouve ce qu’on nous enseigne dans les histoires sacrées — que Dieu insuffla dans l’homme une âme immortelle, ou que le premier homme, avant le péché, était immortel. D’après le premier chapitre de la Genèse (chap. i, 26), Dieu a créé l’homme de la même façon que les animaux, de sexes mâle et femelle, et de même leur a ordonné de croître et de