Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/187

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se multiplier. De même qu’à propos des animaux il n’est pas dit qu’ils sont immortels, de même on ne le dit pas de l’homme. Dans le chapitre iii, il est dit que l’homme a connu le bien et le mal. Mais, quant à la vie, il est dit très nettement que Dieu a chassé l’homme du paradis, en lui fermant le passage devant l’arbre de la vie. Mais l’homme n’a pas mangé le fruit de l’arbre de la vie et n’a pas reçu « haïé-oïlom », c’est-à-dire la vie éternelle, et il est resté mortel.

Selon la doctrine des Juifs, l’homme en tant qu’homme est mortel. Il n’a la vie que dans ce sens qu’elle se transmet d’une génération à l’autre et se perpétue dans un peuple. D’après la doctrine des Juifs, la faculté de la vie n’appartient qu’au peuple. Quand Dieu dit : Vous vivrez et ne mourrez point, il s’adresse au peuple. La vie que Dieu a soufflée dans l’homme est mortelle pour chaque être humain en particulier ; cette vie se perpétue de génération en génération si les hommes remplissent l’alliance avec Dieu, c’est-à-dire les conditions imposées pour cela par Dieu.

Après avoir formulé toutes les lois et avoir dit que ces lois ne sont pas au ciel mais dans leurs cœurs, Moïse ajoute (Deutéronome, xxx, 15, 16) : « Regarde, j’ai mis aujourd’hui devant toi tant la vie et le bien, que la mort et le mal ; car je te commande aujourd’hui d’aimer l’Éternel, ton Dieu, de marcher dans ses voies, et de garder ses comman-