Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/188

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dements, ses statuts et ses ordonnances, afin que tu vives. » Et, versets 19 et 20 : « Je prends aujourd’hui à témoin le ciel et la terre contre vous, que j’ai mis devant toi et la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction ; choisis donc la vie afin que tu vives toi et ta postérité, en aimant l’Éternel, ton Dieu, en obéissant à sa voix et en demeurant attaché à lui, car c’est lui qui est ta vie et la longueur de tes jours. »

La principale différence qui existe entre notre conception de la vie humaine et celle des Juifs, c’est que nous considérons notre vie mortelle, qui se transmet de génération en génération, non comme la vraie vie, mais comme une vie déchue, gâtée temporairement par une cause quelconque, tandis que pour les Juifs, au contraire, cette vie est la véritable vie, le bien suprême donné à l’homme à condition qu’il observe la volonté de Dieu. Pour nous, la transmission de cette vie déchue de génération en génération est la transmission d’une malédiction. Pour les Juifs c’est le bien suprême auquel l’homme peut prétendre, à la condition qu’il accomplisse la volonté de Dieu.

C’est précisément sur cette conception de la vie que Christ fonde sa doctrine de la vie véritable ou éternelle qu’il oppose à la vie personnelle et mortelle.

Sondez les Écritures, dit Christ aux Juifs (Jean, v, 39), car c’est par elles que vous croyez avoir