Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/311

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livrer à la violence pour me défendre ou défendre les autres, ou pour défendre ma propriété et celle des autres, je ne puis plus, tranquillement et sciemment, servir cette séduction qui me perd moi et les autres ; je ne puis pas acquérir de propriété ; je ne puis plus employer n’importe quelle force contre n’importe qui, à l’exception des enfants, et encore pour les délivrer d’un mal les menaçant directement ; je ne puis prendre part à aucun acte du pouvoir qui a pour but la défense des hommes et de leur propriété par la violence ; je ne puis être ni juge ni prendre part à des jugements, ni être revêtu ou faire partie d’une autorité quelconque ; je ne puis pas non plus contribuer à ce que d’autres fassent partie des tribunaux ou soient revêtus d’une autorité quelconque.

Christ m’a révélé que la cinquième tentation qui me prive de mon bien, c’est la diiférence que nous faisons entre nos compatriotes et les peuples étrangers. Je ne puis point ne pas croire à cela ; de sorte que, s’il m’arrive dans un moment d’oubli d’éprouver un sentiment d’hostilité pour un homme d’une autre nationalité, je ne puis plus, dans mes moments de calme, ne pas reconnaître que ce sentiment est faux ; je ne puis plus me justifier, comme je le faisais autrefois, par l’aveu de la supériorité de mon peuple sur les autres, par l’ignorance, la cruauté ou la barbarie d’un autre peuple ; je ne puis plus, au premier avertissement, ne pas