Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/316

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comme moi leur salut et le trouveront seulement dans la doctrine de Christ. Tout le mal qu’ils me feront sera un mal pour eux-mêmes, c’est pourquoi ils doivent me faire le bien. Mais si, par ignorance de la vérité, ils font le mal croyant faire le bien, moi je ne connais la vérité que pour la montrer à eux qui ne la connaissent pas. Et je ne puis pas la leur montrer autrement qu’en repoussant toute participation au mal et en confessant la vérité par mes actes.

Arrive l’ennemi : des Allemands, des Turcs, des sauvages, et si vous ne les combattez pas, ils vous extermineront. Cela n’est pas vrai. S’il y avait une société chrétienne d’hommes ne faisant de mal à personne et donnant tout le superflu de leur travail aux autres, il n’y aurait pas d’ennemis — d’Allemands, de Turcs ou de sauvages — pour tuer ou molester de pareils hommes. Ils prendraient tout ce que leur abandonneraient volontairement ces hommes, pour lesquels il n’y a pas de différence entre le Russe, l’Allemand, le Turc ou le sauvage. Si ces chrétiens se trouvaient au milieu de peuples non chrétiens qui se défendent par les armes, et que ces chrétiens fussent appelés à prendre part à la guerre, c’est alors précisément que s’offrirait à eux la possibilité de venir au secours des hommes qui ne connaissent pas la vérité, Un chrétien ne connaît la vérité que pour témoigner de la vérité devant ceux qui ne la connaissent pas. Et ce témoi-