Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/327

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observations, au point de vue général. Mais, au point de vue personnel, c’est-à-dire en partant de l’idée que chaque homme et moi devons, pour vivre, avoir foi dans le sens de la vie, et avons cette foi, le fait de la violence exercée en faveur de la foi est encore plus surprenant d’insanité.

En effet : comment, pourquoi et à qui peut-il être nécessaire qu’un autre, non seulement croie comme moi, mais professe comme moi ? L’homme vit, donc il connaît le sens de la vie. Il a établi son rapport envers Dieu, il connaît donc la vérité des vérités, et moi aussi je la connais. Leurs expressions doivent être différentes, leur sens doit être le même, étant tous deux des hommes.

Comment, pourquoi, puis-je être contraint d’exiger d’un individu quelconque qu’il exprime sa vérité comme moi ?

Je ne puis ni par la violence, ni par la ruse, ni par la tromperie (le faux miracle), forcer un homme à changer sa foi.

La foi, c’est sa vie, comment puis-je la lui ôter et lui en donner une autre ? C’est exactement comme si je lui prenais son cœur pour lui en donner un autre. Je ne puis faire cela que si sa foi et la mienne ne sont que des paroles et non l’essence même de notre vie, non le cœur. Cela on ne peut pas le faire. C’est pourquoi on ne peut tromper un homme ou le forcer de croire à ce qu’il ne croit pas. Et on ne le peut pas, parce que celui qui croit,