Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/334

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prendre à cette tromperie, et jusqu’ici encore on croit au bienfait de cet événement. Et pourtant la majorité chrétienne renonçait à sa foi. C’étaient les portes par lesquelles l’énorme majorité des chrétiens s’engagea précisément dans la voie païenne où elle marche encore. Charlemagne, Vladimir, continuent la même chose. Et jusqu’à présent dure la tromperie de l’Église, qui consiste en ceci : que l’acceptation du christianisme par le pouvoir est nécessaire pour ceux qui comprennent la lettre et non l’esprit du christianisme, car l’acceptation du christianisme sans le renoncement au pouvoir n’est que la parodie du christianisme et sa défiguration.

La bénédiction du pouvoir par le christianisme est un sacrilège, c’est la perte du christianisme.

Après avoir vécu quinze cents ans dans cette alliance sacrilège du pseudo-christianisme et de l’État, il faut faire un grand effort pour oublier tous les sophismes compliqués à l’aide desquels, pendant quinze cents ans, partout la doctrine chrétienne fut défigurée afin de la pouvoir concilier avec l’État, d’expliquer la sainteté, la légitimité de l’État et sa possibilité d’être chrétien.

En réalité ces mots : « l’État chrétien », c’est la même chose que la glace chaude ou tiède. Ou il n’y a pas d’État, ou il n’y a pas de christianisme.

Pour le bien comprendre il faut oublier toutes ces fantaisies qu’on nous enseigne avec tant de