Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à ses disciples qu’on les y jugera et il leur enseigne quelle devra être leur attitude. Il disait de lui-même qu’on le condamnerait en justice et montrait comment il fallait se tenir devant le tribunal humain. Ainsi, Christ avait pensé aux tribunaux humains qui devaient le condamner, lui et ses disciples, qui condamnent et ont condamné des millions de personnes. Christ voyait ce mal et le visait directement. Quand on va mettre à exécution l’arrêt prononcé contre la femme adultère, il nie le tribunal et démontre que l’homme ne peut pas juger puisque lui-même est coupable. Et cette pensée, il l’exprime plusieurs fois en disant qu’avec un œil trouble on ne peut pas distinguer un grain de sable dans l’œil d’un autre et qu’un aveugle ne peut pas conduire un aveugle. Il explique même quelle peut être la conséquence d’une pareille erreur. Le disciple peut devenir comme son maître.

Cependant, après avoir dit sa pensée à l’occasion du jugement de la femme adultère, après avoir montré dans la parabole de la poutre et de la paille la faiblesse de jugement de toute créature humaine, on pourrait croire qu’il ne défend pas quand même de s’adresser à la justice des hommes pour se protéger des méchants. Mais cela est inadmissible.

Dans le Sermon sur la Montagne, il dit en s’adressant à la foule : Et si quelqu’un veut plaider contre toi et t’ôter ta robe, laisse-lui encore l’habit.

Donc, il nie, en général, les tribunaux. Mais