Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/57

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Tout homme de cœur éprouve une impression d’horreur et de répulsion non seulement à la vue des êtres humains suppliciés par leurs semblables, mais au simple récit de la fustigation à mort, de la guillotine et du gibet.

Dans l’Évangile, dont nous considérons chaque mot comme sacré, il est dit clairement, nettement : Vous avez une loi criminelle — dent pour dent, et moi je vous donne une loi nouvelle : Ne résistez point au méchant ; pratiquez tous ce commandement : ne rendez pas le mal pour le mal, mais toujours et à tous faites le bien et, toujours, pardonnez à tous.

Plus loin, il est dit : Ne jugez pas. Et pour rendre impossible tout malentendu sur la signification de ces mots, Jésus ajoute : Ne condamnez point en justice à des châtiments.

Mon cœur dit haut et clair : point de châtiments ; la science dit : point de châtiments — le mal ne peut faire cesser le mal ! La raison dit : Ne punissez pas, on ne peut extirper le mal par le mal. La parole de Dieu, à laquelle je crois, dit la même chose. Et quand je lis toute la doctrine, quand je rencontre les mots : Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés, pardonnez et on vous pardonnera, ces mots, qui sont pour moi les paroles mêmes de Dieu, signifieraient qu’il faut s’abstenir de la médisance et des commérages, mais que je puis conti-