Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/183

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— Et vous avez des chevaux comme chez nous ?

— J’ai cent chevaux, et chacun vaut de trois à quatre cents roubles, mais seulement ils ne sont pas comme les vôtres. Oui, trois cents roubles argent ! Ce sont des trotteurs, tu sais. Et quand même, je préfère les chevaux d’ici.

— Eh quoi, êtes-vous venu ici de votre gré ou contre votre volonté ? — demanda Loukachka toujours d’un air gouailleur. — Voilà où vous vous égareriez — ajouta-t-il en montrant le sentier devant lequel ils passaient. — Il faut prendre à droite.

— Non, c’est volontairement, — répondit Olénine. — Je voulais voir votre pays, faire des expéditions.

— Ah, moi j’irai en expédition aujourd’hui, — dit Louka. Tiens voilà le chacal qui hurle ! — ajouta-t-il en écoutant.

— Mais, n’est-ce pas terrible pour toi d’avoir tué un homme ? — demanda Olénine.

— Quoi, avoir peur ! Ah ! avec plaisir j’irai en expédition, — répéta Loukachka. — Je le désire tant, tant…

— Peut-être irons-nous ensemble. Notre compagnie partira avant les fêtes et votre centaine aussi.

— Et quelle envie aviez-vous de venir ici ? Vous aviez la maison, des chevaux, des serfs. Moi je