Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/243

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coup une expression pensive. — Est-ce que je fais du mal à quelqu’un ? Je l’aime et voilà tout.

— Le grand-père, ah !

— Mais oui.

— C’est un péché — dit Marianka.

— Eh ! Machenka, quand donc s’amuser, sinon quand on est fille et libre ? Je me marierai avec un cosaque, j’aurai des enfants, j’apprendrai la misère. Voilà, quand tu te marieras avec Loukachka, alors tu n’auras pas le plaisir en tête, tu seras occupée par les enfants et le travail.

— Quoi ! les autres vivent très bien, mariées. C’est tout égal ! — répondit tranquillement Marianka.

— Mais je t’en prie, raconte au moins une fois, ce qu’il y a eu entre toi et Loukachka.

— Mais, quoi, il m’a demandée en mariage. Le père a ajourné à une année, maintenant nous avons fait les fiançailles et le mariage sera en automne.

— Mais que t’a-t-il dit, lui ?

Marianka sourit.

— C’est connu : il a dit qu’il m’aime. Il me demandait toujours d’aller au jardin avec lui.

— En voilà une peste ! J’espère que tu n’y es pas allée. Comme il est devenu beau garçon. C’est maintenant le premier djiguite. Il est toujours dans la centaine. Ces jours-ci, notre Kirka est arrivé. Il a dit que Loukachka a changé un cheval superbe ! Mais je crois qu’il s’ennuie toujours à