Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/252

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dans la cour. Marianka ne paraissait pas. Olénine passa toute la nuit dans la cour, sans dormir, en écoutant chaque bruit de la cabane des maîtres. Il les entendit causer dans la soirée pendant le souper, remuer les couettes et se mettre au lit. Ensuite il entendit Marianka rire de quelque chose, ensuite tout devenait calme. Le khorounjï chuchotait quelque chose à la vieille et quelqu’un soupirait. Il entra dans sa cabane. Vanucha dormait tout habillé. Olénine le regarda avec envie et de nouveau marcha dans la cour, en attendant toujours quelque événement. Mais personne ne parut, personne ne remua ; on n’entendait que la respiration régulière de trois personnes. Il reconnaissait la respiration de Marianka, l’écoutait attentivement, il écoutait aussi les battements de son cœur. Dans la stanitza tout était devenu silencieux ; la lune qui était en retard montait et l’on distinguait mieux le bétail qui, couché dans la cour, en soufflant, se levait lentement. Olénine se demandait avec colère : « Que me faut-il ? » Et il ne pouvait se détacher de la nuit. Tout à coup il perçut nettement des pas et le gémissement du plancher dans la cabane du maître. Il se jeta sur la porte, mais de nouveau n’entendit rien, sauf les respirations régulières ; dans la cour, la bufflonne se remua en respirant lourdement, se mit sur les genoux de devant, ensuite se dressa sur ses quatre pattes, agita la queue et quelque