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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/293

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— Et que celles qui s’amusent chez les soldats s’en aillent de la ronde — ajouta-t-il tout-à-coup en regardant méchamment Olénine.

Les jeunes filles lui arrachaient les friandises, qu’ensuite elles se disputaient entre elles, Bieletzkï et Olénine se tenaient de côté. Loukachka, comme intimidé par sa générosité, en ôtant son bonnet et s’essuyant le front avec sa manche, s’approcha de Marianka et d’Oustenka.

Toi, ma chère, n’es-tu pas fière de moi ? — fit-il, répétant les paroles de la chanson qu’il venait de chanter et s’adressant à Marianka : — N’es-tu pas fière ? — répéta-t-il encore une fois méchamment — Tu m’épouseras et tu pleureras à cause de moi, — ajouta-t-il en embrassant ensemble Marianka et Oustenka.

Oustenka se dégagea et allongeant le bras, le frappa si fort sur le dos, qu’elle se fit mal à la main.

— Eh bien ! Vous continuez la ronde ? — demanda-t-il.

— Les filles feront ce qu’elles voudront, — répondit Oustenka, — mais moi, j’irai à la maison et Marianka aussi veut venir chez nous.

Le Cosaque, toujours enlaçant Marianka, la fit sortir de la foule et l’emmena vers le coin sombre de la maison.

— Ne va pas là-bas, Marianka. Amusons-nous pour la dernière fois. Va à la maison, j’irai chez toi.