Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/304

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montrant les dents, soulevant la queue et reniflant partit sur les pattes de derrière et s’éloigna à quelques pas des Cosaques.

— Le bel animal ! — fit le khorounjï.

Ce fait de dire l’animal et non le cheval était un éloge particulier à l’adresse du cheval.

— C’est un lion — affirma un vieux Cosaque.

Les Cosaques avançaient sans mot dire, tantôt au pas, tantôt au trot et cela seul rompait pour un moment le silence et la solennité de leur marche.

Dans la steppe, à la distance de huit verstes, ils ne rencontrèrent qu’une hutte de Nogaïs qui, posée sur le chariot avançait lentement à la distance d’une verste d’eux. C’était un Nogaï, qui, avec sa famille, voyageait d’une place à l’autre. Ailleurs, dans un ravin, ils rencontrèrent deux femmes Nogaïs en haillons, qui, avec des paniers sur le dos ramassaient, pour le kiziak, le fumier du bétail qui paissait dans la steppe.

Le khorounjï, qui parlait mal le langage des Nogaïs, leur adressa cependant la parole, mais elles ne comprirent pas, et visiblement épeurées, se regardaient entre elles.

Loukachka s’approcha, arrêta le cheval, prononça bravement le salut habituel et les femmes, avec un air réjoui se mirent à lui parler sans aucune gêne, comme avec un compatriote.

Aïe ! aïe, kop Abrek ! — disaient-elles lamen-