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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/310

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kachka, pâle comme un linge, tenait par les mains le Tchetchenze blessé et criait : « Ne le frappe pas ! Je le prendrai vivant ! » Ce Tchetchenze était ce même rouge, le frère de l’Abrek tué, venu pour racheter le cadavre. Loukachka lui ligotait les bras. Tout à coup le Tchetchenze se dégagea et tira son pistolet. Loukachka tomba. Sur son ventre se montrait le sang. Il se redressa, mais retomba en clamant des injures en russe et en tatare. Le sang coulait de plus en plus abondamment de sa blessure. Les Cosaques s’approchèrent de lui et commencèrent à le dévêtir. L’un d’eux, Nazarka, avant de l’aider, de longtemps ne put mettre la lame dans le fourreau ; il l’introduisait du mauvais côté.

La lame du sabre était ensanglantée.

Le Tchetchenze rouge, à moustache rasée, était tué et tailladé. Un seul, celui qui avait tiré sur Loukachka, tout blessé, était encore vivant. Tout en sang, — le sang coulait de l’œil droit, il était comme un épervier blessé — les dents serrées, pâle et farouche, ses grands yeux agacés regardant de tous côtés, il était assis sur la pointe des pieds et tenait le poignard prêt à la défense. Le khorounjï s’approcha de lui et, de côté, par un mouvement rapide, lui tira un coup de pistolet derrière l’oreille. Le Tchetchenze fit un mouvement, mais ne put se garer et tomba.

À la hâte, les Cosaques prirent les armes et les vêtements des tués. Chacun de ces roux Tchetchenzes