Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/347

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VI


À dix heures du soir les troupes devaient sortir. À huit heures et demie, je montai à cheval et me rendis chez le général. Mais, supposant que lui et son aide de camp étaient occupés, je m’arrêtai dans la rue. J’attachai mon cheval à une haie et m’assis sur le talus, afin de rejoindre le général dès qu’il sortirait.

La chaleur et la clarté du soleil avaient déjà fait place à la fraîcheur du soir et à la lueur indécise de la nouvelle lune qui, entourée d’un demi-cercle pâle, commençait à s’abaisser en éclairant le fond bleu foncé du ciel étoilé. Par les fenêtres des maisons et les fentes des volets des huttes de terre, brillaient des feux. Les élégants peupliers des jardins qu’on apercevait à l’horizon, à travers les huttes blanches aux toits de roseaux, éclairées par la lune, semblaient encore plus hauts et plus noirs.