Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VII


Nous marchions déjà depuis plus de deux heures. Je commençais à frissonner et à avoir sommeil. Dans l’ombre, se dessinaient vaguement les mêmes objets indéfinis. À une certaine distance, le même mur noir et les mêmes taches se mouvaient ; près de moi, la croupe d’un cheval blanc qui agitait sa queue et écartait largement ses pattes de derrière, le dos d’un homme en habit blanc de tcherkess, sur lequel on apercevait un fusil dans sa gaine et la petite poignée blanche d’un pistolet enfermé dans son étui brodé, le feu de la cigarette qui éclairait des moustaches blondes, un col de loutre et une main gantée de daim. Je me penchais sur le cou de mon cheval, fermais les yeux et m’oubliais pour quelques minutes ; ensuite, tout à coup, j’étais frappé du piétinement que je connaissais et du bruit léger. Je regardais tout autour de moi et il me semblait