Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/354

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— Sait-on déjà dans les montagnes qu’un détachement s’approche ? — demandai-je.

— Eh ! comment ne pas savoir ? On le sait toujours. Les nôtres sont des gens comme ça.

— Alors Chamil se prépare maintenant pour la campagne ?

— Non — répondit-il en hochant négativement la tête. Chamil n’ira pas lui-même à la guerre : Chamil enverra des naïbs[1], et lui-même, en haut regardera avec une lunette.

— Demeure-t-il loin ?

— Loin ? Non. Voilà, à gauche, il y a encore une dizaine de verstes.

— Pourquoi donc sais-tu cela ? — demandai-je. — Étais-tu là-bas ?

— Oui. Tous les nôtres étaient dans les montagnes.

— Et tu as vu Chamil ?

— Bah ! Les nôtres ne voient pas Chamil. Autour de lui, il y a cent, trois cents, mille Murides[2]. Chamil est au milieu, — fit-il avec l’expression d’un respect extrême.

  1. Hommes auxquels Chamil a confié une partie de sa direction.
  2. Muride a beaucoup de significations ; mais ici il s’applique à quelqu’un entre l’aide de camp et le gardien. (Note de l’Auteur.)