Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/377

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couait le dos ; les dents, involontairement, claquaient les unes contre les autres.

Seuls les ébrouements et les piétinements rares des chevaux permettaient de deviner, dans cette obscurité impénétrable, où se trouvaient les avant-trains et les caissons attelés, et par les points éclairés des mèches, on pouvait reconnaître la place des canons. Aux paroles « Avec Dieu ! » s’ébranla la première pièce, après elle le caisson roula et le détachement se mit en route. Nous tous, le bonnet soulevé, fîmes le signe de la croix.

En entrant dans l’intervalle, entre l’infanterie, le détachement s’arrêta, et pendant un quart d’heure attendit le rassemblement de toute la colonne et l’arrivée du chef.

— Il nous manque un soldat, Nikolaï Petrovitch ! — dit en s’approchant de moi une figure noire que je ne reconnus qu’à la voix ; c’était l’artificier Maximov.

— Qui ?

— Velentchouk. Quand on a attelé, il était ici, je l’ai vu et maintenant il n’y est plus.

Puisqu’il était à croire que la colonne ne pourrait se mouvoir tout de suite, nous décidâmes d’envoyer le caporal Antonov à la recherche de Velentchouk.

Peu après, devant nous, dans l’obscurité, passèrent au trot quelques cavaliers : c’était le chef et sa suite. Aussitôt, la tête de la colonne s’ébranla et