Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/58

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ses membres robustes. Il était vêtu d’un habit déchiré, retroussé, ses pieds étaient couverts de porchni[1] de peau de cerf retenus par de petites cordes. Sa tête était coiffée d’un bonnet blanc à poils hérissés. Derrière le dos, il portait des engins pour la chasse au faisan, un sac avec un poulet et un autre oiseau pour appâter le vautour. Sur une épaule, retenu par une courroie, pendait un chat sauvage qu’il avait tué. À sa ceinture, derrière le dos, il avait un sac contenant les balles, la poudre et du pain, une queue de cheval pour chasser les moucherons, un grand poignard dans un étui déchiré et taché de sang desséché et deux faisans tués. En voyant le cordon, il s’arrêta.

— Eh ! Liam ! — cria-t-il au chien d’une telle basse que l’écho en retentit au loin dans la forêt ; puis, en jetant sur son épaule un grand fusil à piston que les Cosaques appellent flinta, il souleva son bonnet.

— Bonjour, braves gens ! Holà ! — s’adressa-t-il aux Cosaques de la même voix gaie et naturelle, mais si forte, qu’on eût dit qu’il interpellait quelqu’un sur l’autre bord du fleuve.

— Bonjour, l’oncle, bonjour ! — prononcèrent gaîment de divers côtés les voix jeunes des Cosaques.

  1. Porchni, chaussures faites de peau brute et qu’on ne peut mettre qu’en les mouillant. (Note de l’Auteur.)