Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/60

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hein ? — ajouta-t-il en clignant des yeux sans cause, et en montrant ses dents blanches et fortes.

— Les Abreks ? Non, pas entendu, — prononça le vieillard. — Eh bien, y a-t-il du vin ? Donne-moi à boire, brave homme, je suis vraiment fatigué. Attends un peu, je t’apporterai du gibier, je t’en apporterai sans faute. Donne à boire, — ajouta-t-il.

— Eh bien, quoi ? veux-tu t’asseoir ? — demanda l’Ouriadnik, comme s’il n’avait pas entendu les paroles du vieillard.

— Je m’asseoirai toute la nuit, — répondit l’oncle Erochka. — Pour la fête, Dieu donnera peut-être quelque chose, je te l’apporterai, sûrement.

— L’oncle ! Eh ! l’oncle ! — cria d’en haut Loukachka en attirant à soi l’attention de tous les Cosaques qui se retournèrent. — Va vers le torrent, là-bas, il y a un magnifique troupeau. Je ne mens pas ! C’est sûr. Dernièrement un Cosaque en a tué un. Je dis la vérité, — ajouta-t-il en arrangeant son fusil derrière son dos et d’une telle voix qu’il était évident qu’il ne raillait pas.

— Eh ! Loukachka-Ourvan ! Tu es là ? — fit le vieillard en regardant en haut. — Où a-t-il été tué ?

— Tu ne m’avais pas vu ? Évidemment, je suis très petit, — fit remarquer Loukachka. — Il était près du fossé, l’oncle, — ajouta-t-il sérieusement