— Cette place est excellente ; on ne nous voit pas et nous voyons très bien — dit Ergouchov.
— Oui, il faut rester ici, c’est le meilleur endroit.
Nazarka et Ergouchov étendirent sur l’herbe leurs bourka et s’installèrent près de la bûche. Loukachka s’éloigna avec l’oncle Erochka.
— Voilà, ici, pas loin, l’oncle — dit Loukachka, en marchant doucement devant le vieillard — je te montrerai où ils ont passé. Moi seul le sais.
— Montre, tu es un brave garçon, Ourvan — chuchota le vieillard.
Ayant fait quelques pas, Loukachka s’arrêta, se pencha sur une petite mare et siffla.
— Voilà où ils ont passé pour boire. Tu vois, hein ? — chuchota-t-il en montrant la trace récente.
— Christ te sauve ! — exclama le vieillard. — Le sanglier derrière le fossé viendra au kotloubagne[1] — ajouta-t-il. — Je resterai, et toi, va-t’en.
Loukachka remonta sa bourka et suivit seul le bord en regardant rapidement tantôt à gauche sur les touffes de roseaux, tantôt sur le Terek qui grondait sourdement près des bords. « Lui aussi garde ou grimpe quelque part », se dit-il en
- ↑ Kotloubagne, nom du trou ou simplement de la petite mare où le sanglier se vautre, pour s’endurcir la peau. (Note de l’Auteur.)