Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/15

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les constructions inutiles, dès qu’il serait parti, et de réunir, pour le lendemain, les paysans des trois villages enclavés dans les terres de Kouzminskoié, afin de leur annoncer lui-même sa décision et de s’entendre avec eux pour le prix du bail.

Satisfait de la fermeté qu’il avait opposée aux arguments de l’Allemand, et du sacrifice qu’il allait faire en faveur des paysans, Nekhludov quitta le bureau, et, en réfléchissant à la décision qu’il se préparait à exécuter, il alla faire le tour de la maison, sur les plates-bandes, très délaissées cette année, qui s’étendaient devant la demeure du gérant. Il traversa le tennis envahi par la chicorée et l’allée de tilleuls où, jadis, il allait fumer son cigare, et où, trois ans auparavant, la ravissante madame Kirimov s’était montrée coquette. Quand il eut composé le discours qu’il tiendait le lendemain aux paysans, Nekhludov rentra chez l’intendant, et, pendant le thé, il examina de nouveau de quelle manière il liquiderait sa propriété, puis très calme et satisfait du bien qu’il allait faire aux paysans, il se retira dans la chambre réservée aux hôtes de passage, qu’on lui avait préparée dans la grande maison.

Cette chambre était petite et propre. Des vues de Venise ornaient les murs et une glace était fixée entre les deux fenêtres ; il y avait un lit à ressorts, très propre, et une table sur laquelle étaient préparés une carafe d’eau, un verre, des