Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/22

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— Je vous les louerai pour qu’elles vous reviennent à bon marché.

— C’est une bonne affaire, fit un vieux.

— Pourvu seulement que le prix soit dans nos moyens, remarqua un autre.

— La terre, pourquoi ne pas l’accepter ?

— On sait cela, c’est la terre qui nous nourrit !

— Et vous aurez bien plus de tranquillité ; vous n’aurez qu’à recevoir l’argent, tandis que, maintenant, que de péchés ! firent plusieurs voix.

— Le péché vient de vous, dit l’Allemand, vous n’avez qu’à travailler et observer l’ordre.

— Mais cela ne nous est point facile, Vassili Carlitch, répliqua un vieillard maigre, au nez pointu. Ainsi tu dis qu’on a laissé aller le cheval dans le champ de blé. Eh bien ! qui l’a laissé ? Moi qui travaille toute la journée, un jour long comme une année, sans lâcher la faux ou autre chose, alors, la nuit venue, on s’endort, et voilà que si le cheval s’échappe dans ton pré, c’est à moi que tu tonds la peau.

— C’est à vous d’avoir plus d’ordre.

— Cela c’est facile à dire, de l’ordre, mais nous ne pouvons pas faire l’impossible, intervint un paysan de haute taille, le crâne et le visage noirs de poils.

— Mais je vous répète sans cesse de mettre des barrières à vos champs.

— Et toi, donne-nous du bois, dit un petit