Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/75

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— En voilà une tête, ce Georgea ! s’exclama le vieillard majestueux aux cheveux bouclés.

— Pourvu seulement que le prix ne dépasse pas nos moyens ! prononça de sa voix de basse le grand paysan, voyant où l’on voulait en venir.

— Le prix ne doit être ni trop élevé ni trop bas. Trop élevé, on ne peut le payer, et des pertes se produisent ; trop bas, chacun veut acheter des terres aux autres, et le trafic de la terre recommence. C’est ce que je voudrais établir chez vous.

— Ça c’est juste et raisonnable. Cela nous va ! répondirent les paysans.

— En voila une tête ! répéta le vieillard aux cheveux bouclés. Georgea ! Et dire qu’il a inventé tout cela !

— Et si je voulais aussi de la terre ? dit le gérant avec un sourire.

— S’il y en a de libre, vous pouvez la prendre et la cultiver, répliqua Nekhludov.

— Quel besoin en as-tu de la terre ? T’es déjà assez engraissé, dit le vieillard aux yeux riants.

Et sur ce la discussion se termina.

Nekhludov répéta de nouveau l’exposé de son projet, sans demander de réponse immédiate, et conseilla de ne la lui faire connaître qu’après s’être entendus avec la communauté.

Les paysans lui promirent d’en faire part à toute la communauté, et de lui faire savoir ce qui aurait été résolu ; puis ils prirent congé et s’éloignèrent