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XIII

Mikhaïlov, en apercevant la bombe, s’était jeté à terre, et, comme Praskoukhine, réfléchissait et sentait beaucoup de choses horribles pendant les deux secondes où la bombe gisait, pas encore éclatée. Il priait Dieu mentalement et répétait constamment : « Ta volonté soit faite ! Mais pourquoi suis-je entré au service militaire et encore dans l’infanterie pour participer à la campagne ? N’aurais-je pas mieux fait de rester aux uhlans de T… et d’y passer le temps avec mon amie Nathalie ? Et maintenant, voilà ! » Il commençait à compter 1, 2, 3, 4 en se disant que si la bombe éclatait aux nombres pairs il resterait vivant, mais qu’aux nombres impairs il serait tué. « Tout est fini. Tué ! » pensa-t-il quand la bombe éclata (il ne se souvenait pas si c’était au nombre pair ou impair). Il sentit un coup et un mal affreux dans la tête. « Dieu, pardonne-moi mes péchés »,