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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/391

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de quelqu’un, malgré que de nouveau tout s’éclairât et revécût, que de nouveau de petits nuages enveloppassent la lune et que tout redevînt sombre. Elle s’endormait déjà, assise près de la fenêtre, quand le rossignol l’éveilla par ses trilles fréquents, qui éclataient en bas sur l’étang. La demoiselle de campagne ouvrit les yeux. Avec un nouveau plaisir toute son âme se revivifiait dans cette union mystérieuse avec la nature qui, si majestueuse et si claire, se développait devant elle. Elle s’appuya sur ses deux mains. Un sentiment de tristesse opprimait sa poitrine, des larmes d’amour pur, large, qui cherche la satisfaction, de bonnes larmes consolantes emplissaient ses yeux. Elle posa la main sur la fenêtre et appuya sa tête. Sa prière favorite revint d’elle-même en son âme, et elle s’endormit ainsi les yeux humides.

Le contact d’une main l’éveilla. Cet attouchement était léger, agréable. La main serrait plus fortement la sienne. Tout d’un coup elle se rappela la réalité ; elle poussa un cri, bondit, et se persuadant qu’elle n’avait pas reconnu le comte qui était devant la fenêtre, tout baigné de la lumière de la lune, elle s’enfuit de la chambre…