Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/392

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XV

En effet, c’était le comte. En entendant le cri de la jeune fille et le toussotement du gardien derrière l’enclos, qui y répondit, en toute hâte, avec le sentiment d’un voleur attrapé, il se mit à courir au fond du jardin, sur l’herbe humide de rosée. « Ah ! imbécile ! imbécile ! se répéta-t-il inconsciemment. Je l’ai effrayée, il fallait y aller plus doucement, l’éveiller par des paroles. Ah ! imbécile ! que je suis donc maladroit ! » Il s’arrêta et écouta. Par la petite porte le gardien entrait dans le jardin, traînant un bâton sur l’allée sablée. Il fallait se cacher. Il descendit vers l’étang. Les grenouilles, hâtivement, en le faisant trembler, de dessous ses pieds s’élancaient dans l’eau. Malgré ses jambes mouillées il s’accroupit sur la pointe des pieds et commença à se rappeler ce qu’il avait fait : comment il avait grimpé à travers l’enclos, cherché sa fenêtre et enfin aperçu l’ombre blanche ;