particulière à notre siècle. Pourquoi, chez les hommes d’autrefois n’a-t-on pas entendu parler de cette passion, comme de la vérole ou du choléra ? Pourquoi, en notre siècle, n’y a-t-il que trois genres d’hommes : les uns qui acceptent la vanité comme un fait nécessaire, existant, par suite juste, et s’y soumettent librement ; les autres qui l’acceptent comme une condition malheureuse mais indestructible, et les troisièmes qui inconsciemment, servilement, agissent sous son influence ?
Pourquoi les Homère et les Shakespeare parlent-ils de l’amour, de la gloire, des souffrances, et pourquoi la littérature de notre siècle n’est-elle que l’histoire sans fin des snobs et des vaniteux ?
Le capitaine en second passa deux fois indécis devant le groupe de ces aristocrates. La troisième fois, il fit un effort sur soi et s’approcha d’eux. Ce groupe se composait de quatre officiers : l’aide de camp Kalouguine, connaissance de Mikhaïlov, l’aide de camp, prince Galtzine, un peu aristocrate pour Kalouguine lui-même ; le colonel Neferdov, un des dénommés cent vingt-deux, hommes du monde (entrés au service pour cette campagne après avoir pris leur retraite), et le capitaine Praskoukhine, aussi un de ces cent vingt-deux.
Par bonheur pour Mikhaïlov, Kalouguine était